Retour sur la conférence de François-Xavier BELLAMY
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La municipalité de droite de Clichy a organisé une conférence sur le thème « Quels repères pour nos enfants ? Les enjeux éducatifs de la transmission. » Elle avait invité comme intervenant François-Xavier BELLAMY. Ce dernier est agrégé de philosophie et également adjoint au maire de Versailles. Par ailleurs, ce monsieur est impliqué dans la Manif pour tous et les Veilleurs qui s’opposent au mariage homosexuel et à l’homoparentalité.

François-Xavier BELLAMY a fait un long exposé plutôt brillant, même si on devinait qu’il prenait un grand plaisir à s’écouter parler. Il a défendu l’idée que la faillite de l’école réside dans le fait qu’elle ne transmet plus de connaissances et que la culture se meurt. Il lie les causes de cet échec aux pensées philosophiques de Descartes, de Rousseau (l’enfant au contact des adultes et de la société perd sa pureté) et de Pierre Bourdieu (la reproduction de la classe sociale de parents à enfants). Ce serait en partant de ces idées qu’auraient été définies les politiques de l’Éducation Nationale depuis quarante ans et la formation des maîtres.

François-Xavier BELLAMY veut revenir à une école qui transmet du savoir. Il pense que trop d’enfants qui sont en échec scolaire manquent de culture les empêchant de réussir alors qu’ils ont des capacités. Il est donc favorable aux cours magistraux, à l’apprentissage par cœur, aux notes et au mérite.

Certaines personnes du public ont pu être séduites par ce monologue.

Cependant, plusieurs éléments que nous avons pointés manquent à sa démonstration partiale :

– S’il y a bien une crise scolaire, elle est surtout dépendante de la crise sociale et sociétale que nous vivons. C’est avant tout un échec de l’égalité.

– Depuis Descartes et Rousseau, nous avons quand même fait des progrès dans l’analyse des déterminismes sociaux et de la complexité de la psychologie humaine.

– Pour des jeunes en difficulté, la question posée est : comment un enfant ou adolescent peut-il apprendre s’il n’est pas en condition personnelle de pouvoir apprendre ?

Dans ce cadre, les solutions de M. Bellamy sont inadaptées et ne feront que renforcer l’écart entre les élèves qui réussissent et les élèves qui échouent. Au contraire, ce sont les méthodes des pédagogues pour une autre école ouverte à la compréhension et l’expression des enfants qui peuvent apporter des solutions. Les pédagogies nouvelles, actives, coopératives, telles que les ont pratiquées Montessori, Steiner, Decroly, Ferrière, Freinet, Neill fonctionnent très bien avec les enfants, et surtout les rendent heureux parce qu’acteurs de leurs scolarités. D’ailleurs, les études (PISA) sur la scolarité montrent qu’un des pays qui réussit le mieux est la Finlande ; or, leur école s’inspire de ces pédagogies nouvelles où les élèves ne sont pas en concurrence (pas de note par exemple) et coopèrent.

Philippe Mérieux, spécialiste de l’école aujourd’hui, affirme qu’il y a une vraie guerre entre les tenants de la pédagogie et les partisans du savoir, comme Alain Filkenkraut, qui de fait méprisent les enfants. Plutôt que nous imposer une propagande idéologique de droite sur l’école, correspondant au programme de François FILLON, il aurait été plus constructif que M. Bellamy ait un contradicteur  qui puisse le remettre à sa place lorsqu’il exprimait des idées fausses ou insuffisantes.

Alain FOURNIER